QUE CHERCHEZ-VOUS?
16 oct. 2024
Les trois vies de Sabeer Hookoomally

Sabeer Hookoomally, Baking and Training Centre Manager chez Les Moulins de la Concorde (LMLC), est littéralement « tombé dans la farine ». À l’âge de 12 ans, il découvre le monde de la boulangerie grâce à la boulangerie familiale ouverte par son père et son oncle, à Plaine des Papayes. Dans un atelier où les boulangers utilisaient des pétrins et des fours à bois, Sabeer commence à s’immerger dans cet univers artisanal.  

Son parcours commence par une formation à LMLC à l’âge de 17 ans, après ses études. Sabeer se souvient : « À l’époque, dans les boulangeries à Maurice, on ne faisait que le pain maison et la baguette. » Cette époque marque le début de son engagement au sein de la boulangerie, un engagement qui sera récompensé à plusieurs reprises dans les années qui suivront.  

Les concours organisés par LMLC ont été des étapes importantes dans son évolution professionnelle. En 2006, il remporte le premier prix dans la catégorie “Baguette et pains spéciaux” ainsi que le troisième prix pour le pain maison. Cette reconnaissance lui ouvre les portes de l’Institut National de 
la Boulangerie et de la Pâtisserie en France, où il découvre de nouvelles méthodes de travail et des produits variés comme les pains traditionnels et la viennoiserie. « En France, j’étais fasciné par la diversité des produits et la rigueur des méthodes. C’était une révélation pour moi », raconte-t-il.  

 


L’année 2014 marque un tournant dans sa carrière lorsqu’il remporte un concours qui le qualifie pour la Coupe du Monde de la Boulangerie. Grâce aux Moulins, il participe à la prestigieuse Coupe Lesaffre. De retour à Maurice, il intègre une chaîne de supermarchés avant de rejoindre LMLC en tant que technicien formateur. Dans ce rôle, il rend visite aux clients pour les conseiller sur l’utilisation et l’optimisation de la farine afin de créer des produits de qualité.  

Aujourd’hui, Sabeer est le Baking and Training Centre Manager des Moulins. Dans ce centre, il forme des boulangers et des passionnés qui souhaitent obtenir un diplôme en NC3 boulanger. Les formations durent neuf mois et se terminent par un examen national. Jusqu’à présent, une cinquantaine de personnes ont été formées, dont certaines travaillent dans l’hôtellerie, les supermarchés, ou ont émigré au Canada, en France et en Australie. Sabeer maintient des liens étroits avec ses anciens élèves, et les soutient dans leur développement professionnel.  
« C’est un privilège de voir mes anciens élèves exceller dans leur carrière. Nous restons en contact et partageons nos expériences pour surmonter les défis professionnels », ajoute-t-il.  

 

Pour lui, la boulangerie est plus qu’un métier, c’est une passion et un engagement. Il considère ce métier comme noble, malgré les nombreux défis tels que le manque de main-d’œuvre qualifiée, nécessitant la formation de travailleurs étrangers. « Former les nouvelles recrues, c’est aussi leur transmettre notre passion et notre savoir-faire. Chaque pain raconte une histoire, et c’est notre rôle de veiller à ce que cette histoire soit bien racontée », dit-il avec passion. Sabeer s’engage également dans des événements internationaux en tant que membre de l’association des Ambassadeurs du Pain. Les concours organisés par l’association stimulent son perfectionnement continu.  

Sabeer observe un changement dans le monde de la boulangerie, autrefois dominé par les hommes. Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes femmes, comme celles actuellement formées au centre de formation des Moulins, s’intéressent à ce métier. Ces jeunes filles de Rodrigues, par exemple, avec le soutien de la Rodrigues Regional Assembly, se préparent à contribuer au développement du tourisme dans leur région après l’obtention de leur diplôme.  

Artisan passionné, Sabeer est dévoué à la transmission de son savoir et à l’élévation de la boulangerie à Maurice et au-delà. « J’aime ce que je fais et je prends plaisir à former les gens ». Pour lui, chaque pain est une œuvre d’art, et chaque boulanger formé est une nouvelle génération de gardiens de cet art noble. 

« Mon rôle est de m’assurer que chaque boulanger obtienne le meilleur de notre farine, qu’il s’agisse d’un petit artisan ou d’une grande chaîne de supermarchés », explique-t-il.