C’est une passion qui commence par hasard, au détour d’un voyage. Jeune étudiante en hôtellerie, Shani Ramasawmy rend visite à son frère à Cape Town, en Afrique du Sud, quand elle a une révélation : la vigne, les caves, le vin… elle tombe sous le charme des vignobles. C’est décidé, c’est dans cet univers, pourtant très éloigné de sa culture mauricienne, qu’elle va faire carrière.
Et quand elle a une idée en tête, rien de ne peut l’arrêter. A 28 ans, Shani a un parcours impressionnant. Un Bachelor de l’Institut Paul Bocuse, à Lyon, un MBA en International Hotel Managements à Vatel Mauritius. Puis, suivant les conseils de deux sommeliers qui deviendront ses mentors, Jérôme Faure et Jorald Julie, Shani approfondit ses connaissances en Wine Management au Cordon Bleu, à Paris.
Ensuite ? Retour à Maurice. Une décision qui peut surprendre mais qui pour elle était une évidence : « J’adore Maurice, et je suis très familiale. Et j’ai toujours eu cette impression que tout le monde partait pour une autre vie ailleurs mais que personne ne revenait pour enrichir Maurice. Donc, pour moi, c’était important de rentrer ici, de participer à la sommellerie mauricienne et de la faire vivre. »
AMBASSADRICE PASSIONNÉE
Après deux ans chez un caviste, c’est auprès de ses mentors et du groupe Constance qu’elle prend ses quartiers. Depuis deux ans, elle se perfectionne en service et fait ce qu’elle aime par-dessus tout : partager sa passion. « J’adore le vin et savoir que le produit est de qualité mais ce qui me plait le plus ce n’est pas de vendre les bouteilles les plus chères ou des grands vins. Ce que j’aime c’est être l’ambassadrice de vignerons passionnés. C’est ça qui me passionne, moi, en fait… D’aller dans les domaines, de voir comment ce vigneron traite sa vigne, comment cet autre y met tout son amour ou travaille en bio… De comprendre leurs histoires, et de suivre leurs évolutions. Et moi, venir retranscrire ce savoir-faire. »
Pas de doute, c’est vraiment ça qui la fait vibrer. On l’écoute avec les oreilles, les yeux, le cœur. Elle a la confiance de ceux qui savent, mais qui ne cherchent pas à impressionner. Un grand sourire et quelques étoiles dans les yeux, Shani explique son métier… « La sommellerie c’est vraiment entrer dans l’intime du vin. Ça va jusqu’à connaître le nom des cailloux dans lesquels la vigne a poussé, le climat, l’ensoleillement annuel, le terroir... En tant qu’intermédiaire entre savoir-faire et la personne qui va déguster le produit, on a le devoir de transmettre tout ce que le vigneron a voulu faire faire passer dans son vin. Et je pense que ça a plus de sens, de profondeur, de sensibilité de boire quelque chose en connaissant son histoire. »
Avec tout ça, on comprend facilement qu’à 28 ans elle ait déjà remporté un concours prestigieux, celui de Meilleur Sommelier de Maurice 2022. Pour Shani, c’est une grande fierté, celle de s’être « donné à fond » et de représenter son pays dans un concours international, même si elle a encore du mal à s’en rendre compte.
Blasée ? Pas du tout. « La sommellerie c’est aussi l’univers de l’eau et de l’eau pétillante, comme celui du café ou encore des digestifs. Le monde du café m’intéresse particulièrement… Il me reste encore beaucoup de choses à apprendre ! »
CONSEILS DE PRO
Alors que ce produit ne faisait pas vraiment partie de la culture mauricienne il y a quelques années, le vin fait aujourd’hui de plus en plus d’adeptes. Comment s’y retrouver ? Shani Ramasawmy partage quelques accords.
Pour une cuisine très aromatique comme la nôtre, n’ayons pas peur de choisir des vins aromatiques. « Des cépages comme le Pinot Gris ou le Muscat sauront s’adapter à notre poisson salé. » Pour un salmi de canard ? Syrah et Côte-Rôtie apporteront du corps pour relever les saveurs des épices.
L’ourite safranée se marie, elle, avec un Chardonnay de Bourgogne pour la fraîcheur et la profondeur qui fait harmonie avec ses notes safranées. Et pour faire 100% local, « le demi-sec de Takamaka va super bien avec le cari de poulet ou de crevettes ! »