Le Dhal gotni, c’est un ustensile ancien qui a et qui fait toujours tourner les marmites. Il résiste au temps, traverse les générations pour un goût d’antan qui nous fait voyager dans le temps.
Chez la famille Dootooa à Poudre d’Or, le dhal gotni a une place de choix dans la cuisine. Bien que des ustensiles modernes aient été introduits au fil du temps, le dhal gotni est toujours à portée de main. «Pendant des années, c’est avec l’aide du dhal gotni que les femmes ont concassé les grains secs après la cuisson pour les rendre plus crémeux», explique Poonam. D’ailleurs, gotni est un terme bhojpuri qui signifie littéralement « concasser ».
Le dhal gotni est généralement composé d’un manche en bois monté sur une autre pièce ronde à plusieurs dents. Avec l’aide des paumes de mains, le manche est actionné et ainsi la partie centrale du dhal gotni tourne dans les deux sens et concasse ainsi le dhal ou les autres grains secs.
« Depuis toute petite, j’ai vu ma dadi, ma nani ou encore mes mawsi (tantes), utiliser le dhal gotni. Dans les années 80, tout le monde ne pouvait pas s’offrir une marmite à pression, le fameux tempo. Il fallait donc mettre les grains secs à tremper pendant des heures et ensuite les faire cuire pendant un temps fou dans une karay ou une marmite sur un feu de bois. Grâce au dhal gotni, en concassant les grains, la préparation devenait plus crémeuse », poursuit Poonam.
Incorporer, aérer, écraser...
La jeune femme explique que le dhal gotni peut être utilisé à d’autres fins. Pour rendre le lassi plus onctueux, le dhal gotni n’a pas son pareil. Il mélange à merveille le yaourt et l’eau ; puis, grâce aux mouvements dans le sens des aiguilles d'une montre et dans le sens inverse, l’air s’incorpore dans la boisson, la rendant légère et veloutée. Le lassi peut se décliner en plusieurs saveurs : fruité, salé ou sucré. « Son nom peut laisser penser qu’on l’utilise que pour le dhal, mais il peut également servir à écraser les légumes pour en faire des purées. Le dhal gotni est très efficace pour écraser des pommes de terre pour en faire un satini. »
Malgré tous les ustensiles modernes à disposition, Poonam ne compte pas se séparer de son dhal gotni, même si cela demande un peu plus d’effort et un bon tour de main. « C’est un ustensile qui m’est cher. Il fait partie de nos traditions familiales. On peut trouver aujourd’hui des dhal gotni en métal ou en plastique mais ils ne valent pas celui en bois qui ne dénature pas le goût des aliments. »
Vous connaissez sûrement l’expression, remuer le couteau dans la plaie qui signifie augmenter ou raviver une douleur morale. À Maurice, cela a donné « aret dhalgotni », expression imagée faisant référence à la même situation.