Si vous faites une recherche sur Internet et que vous tapez « baume du Pérou », vous serez bien surpris de constater que la plante obtenue ne ressemble en rien à notre baume du Pérou local. Et pour cause, même si nous l’appelons ainsi, celui-ci est une toute autre plante. Comme le précisent Karine Boussaroque, naturopathe, et Nathalie Baissac Daruty, herboriste et phytothérapeute, ce que nous appelons baume du Pérou à Maurice, est en réalité le Plectranthus amboinicus, communément appelé le gros thym, ti baume ou origan cubain. Cette succulente fait notamment partie de la famille des lamiacées, soit du thym. Elle se distingue par ses feuilles épaisses et gorgées de jus. Elle est excellente contre la toux, les bronchites, les rhinopharyngites, les états grippaux, mais aussi les troubles digestifs.
QU’EST-CE QU’ON EN FAIT ?
- Le « loc »
Rose, 86 ans, est fortement convaincue de l’efficacité du baume du Pérou. Elle en a d’ailleurs souvent donné à ses enfants et petits-enfants pour traiter la toux. « J’aime bien le loc. En cas de toux, une petite cuillère le matin à jeun peut faire des miracles. Le jus est amer, alors il vaut mieux y ajouter du jus d’orange ou de limon ».
Comme l’explique Karine Boussaroque, le « loc » est une préparation rapide à faire. On presse une bonne poignée de feuilles fraîches préalablement nettoyée et on filtre le jus qui en sort. Il suffit ensuite d’y ajouter le jus d’un demi-citron ou d’orange et 1 bonne cuillère à café de miel. On mélange bien le tout et on boit tout de suite.
- La décoction
« Notre baume du Pérou local ou gros thym fait partie de ces plantes qui sont plus efficaces fraîches que séchées », explique Nathalie Baissac Daruty. On place donc les feuilles dans de l’eau froide, que l’on porte à ébullition (une poignée de feuilles dans 1 litre d’eau). On laisse bouillir une dizaine de minutes, on éteint le feu et on couvre la préparation une quinzaine de minutes. Avant de boire, on ajoute une cuillère à café de miel.
- Le sirop
Adélaïde Pillet, fleuriste et formatrice de métier, mais aussi passionnée du tout fait maison, a testé la réalisation du sirop de baume du Pérou il y a environ un an. « Comme les feuilles du baume du Pérou sont gorgées d’eau, il me paraissait évident que le jus pouvait ressortir des feuilles et je souhaitais exploiter ce jus. Puis, il y a quelques mois, j’ai découvert que j’utilisais en fait, la technique du Kôso, soit la réalisation d’un sirop cru, sans cuisson ».
Il faut laver, égoutter et couper en deux les feuilles fraîches du baume du Pérou. On les met dans un pot à confiture, en alternant des couches de feuilles et de sucre. Le pot doit être rempli jusqu’en haut. On referme ensuite le pot et on laisse au soleil pendant au moins un mois. Petit à petit, les feuilles vont rendre de l’eau, qui va faire fondre le sucre. On obtient alors un sirop une fois le sucre fondu. Il suffit de retirer les feuilles devenues marron et de conserver le jus à température ambiante.
« Pour la version liqueur, après avoir retiré les feuilles, remplissez le pot avec de l’alcool fort, comme du rhum, et laissez macérez plusieurs semaines », précise Adélaïde.
LES CONSEILS DE LA NATUROPATHE
« Le baume du Pérou peut être consommé à partir de 3 ans. Il s’agit de ne pas dépasser la dose recommandée, soit 3 tasses par jour. Il est cependant déconseillé aux femmes enceintes et allaitantes, par principe de précaution », souligne Karine Boussaroque. Bien entendu, ces recommandations ne dispensent pas l’avis d’un médecin, surtout si les symptômes persistent après 5 jours.
CE QU’EN DIT LE MÉDECIN…
Selon le Dr Luvesh Mooloo, médecin généraliste, on reconnaît les effets antitussifs du baume du Pérou dans la littérature scientifique. En effet, la plante est connue pour diminuer les mucosités des expectorations bronchiques.
Cependant, il existe un risque d’allergie et tous symptômes doivent être reportés à un médecin pour un traitement adéquat. Par ailleurs, combinés aux médicaments classiques, les remèdes à base de plantes médicinales peuvent causer une interaction et diminuer l’efficacité des médicaments. « Veillez toujours à interroger votre médecin sur les interactions si vous prenez des médicaments pour des maladies chroniques », précise le Dr Mooloo.
Et si la toux persiste ? Si elle est d’origine virale, une toux sèche disparaît en quelques jours. Cependant, si elle dure plus de 3 à 6 semaines ou si elle s’accompagne d’autres symptômes comme des difficultés respiratoires, un changement de couleur des flegmes claires à une couleur jaune ou verdâtre, ou du sang dans les crachats, il est important de consulter un médecin.
*Crédits photos : Djemillah Mourade Peerbux