LA GRAINE, CET EMBRYON
Dans une graine, il y a une plante en devenir. Grâce à sa plante-mère, elle a fait le plein de réserves nutritives, ce qui va qui lui permettre de se développer en plantule. Une graine possède aussi tout un patrimoine génétique complexe qui se transmet de génération en génération. Elle devient semence... quand on décide de la semer. Et pour les experts, une semence est de qualité quand elle est physiquement « pure ». Entendez par là ni difforme, ni âgée, ni abîmée, selon « Le Guide Agricole 2019 » de la FAREI. On évalue également une semence à son taux de germination. Si plus de 80 % de la série de graines germent, c’est qu’elles sont viables. Au final, les semences de qualité donneront des plantes vigoureuses, résistantes aux aléas climatiques, aux maladies et aux parasites.
SÉPARONS LE BON GRAIN DE L’IVRAIE
Les graines naturelles. Au départ toutes les semences sont naturelles. Elles sont le fruit de la pollinisation via les insectes, les oiseaux ou le vent. Ce sont des graines qui n’ont subi aucun traitement, aucune intervention humaine.
Les graines bio. Ce sont des graines issues de l’agriculture bio. Ni elles, ni les plantes d’où elles proviennent n’ont été traitées avec des engrais artificiels, pesticides… On estime que des graines qui n’ont pas subi de traitements chimiques sur toute la chaîne de production, deviennent bio après 4 générations.
Les graines traitées. Ce sont des graines (souvent multicolores) enrobées d’un pelliculage de traitement phytosanitaire. On en trouve beaucoup du côté des semences importées mais aussi dans les semences locales, notamment chez les légumineuses comme les haricots, les gros pois... On les enrobe d’une substance fongicide pour prévenir d’éventuelles maladies et minimiser les interventions phytosanitaires par la suite.
Les graines hybrides F1. On en trouve dans le commerce. Ce sont des graines obtenues à partir d’un croisement de deux plantes, appelées parents. On les a sélectionnées soigneusement pour leurs caractères précis. Le but étant de créer des variétés supérieures d’un point de vue résistance, goût, etc. Ceci dit, ces qualités ne seront pas transmises à la seconde génération.
Les graines OGM. Leur ADN a été modifié dans le but de leur ajouter de nouvelles caractéristiques. On reproche aux graines OGM un problème éthique puisque les croisements ne sont pas naturels. D’un point de vue santé humaine, on n’est pas sûr que ce soit sans danger. Les OGM polluent la terre puisqu’ils ont été créés de manière à supporter les herbicides et insecticides. Elles nuisent à la biodiversité puisqu’elles privilégient des variétés standardisées qui font disparaître certaines variétés anciennes. Aussi, les semences OGM donnent des plantes dont les graines sont stériles. On ne peut plus les ressemer. A Maurice, la commercialisation des semences OGM n’est pas autorisée.
ET SI VOUS CRÉIEZ UNE BANQUE DE GRAINES ?
Les graines recueillies dans votre jardin auront l’avantage d’être adaptées à votre sol. Il suffit de réserver les premiers légumes de votre potager. Les plus beaux, vigoureux, et sains. Dans certains cas, comme pour le chou-fleur, le cotomili, la laitue, le chou, on laisse monter les légumes afin qu’ils fassent des fleurs et des graines. Dans le cas des haricots ou des lalo, on laisse les légumes se dessécher complètement dans l’arbre avant de récupérer les graines. Il y a aussi ceux qu’on laisse arriver à maturité pour en extraire les graines, comme la pomme d’amour, la bringelle, le pâtisson.
BIEN LES CONSERVER
La capacité germinative d’une graine dépend de plusieurs facteurs, dont le stockage. Une fois que vous avez les graines de votre potager en main, il faut les nettoyer, parfois les tamiser, les trier. Certaines nécessiteront d’être séchées à l’air dans un endroit sec afin de baisser leur taux d’humidité. Ensuite, il est impératif de les conserver dans des sacs ou bocaux hermétiques à l’abri de l’humidité et de la lumière. Pour celles que l’on veut conserver plus longtemps, il faudra les garder au réfrigérateur
COMMENT SEMER ?
On peut piquer les graines dans des plateaux, des godets, des boîtes d’oeufs, des tuyaux de pvc, des pots, sur un rebord de fenêtre ou à l’extérieur… Ce système permet de protéger la plante qui va naître des bêtes et des intempéries, le temps qu’elle développe son système racinaire. Elle sera ensuite transportée dans la cour des grands.
On peut semer à la volée en pleine terre, en essayant de répartir les graines de manière régulière. Dans certains cas, quand les graines sont minuscules, on doit les recouvrir d’une fine couche de terre. Si besoin est, si le soleil tape trop fort, ne pas hésiter à poser un voile sur ces semis. Petit détail non négligeable : arroser les semis avec une douchette pour ne pas les brusquer.
La réussite d’une germination dépend de beaucoup de facteurs. Du respect du calendrier de semis, de la profondeur du semis, de l’espacement entre les semences, de la qualité du terreau, de la température de la terre, de l’arrosage. Après, tout est une question d’expérimentation.
ÇA PREND COMBIEN DE TEMPS ?
Après la germination a lieu la levée, le moment où le germe est visible. Cela peut prendre 3 à 30 jours et varie en fonction du légume, de la variété, de la méthode de semis (directe, pépinière…) des conditions du semis (eau, lumière…).
Dans « Le Guide Agricole de 2019 » de la FAREI (surtout adressé aux professionnels mais dans lequel les amateurs peuvent glaner quelques infos pratiques), on trouve quelques indications sur le temps de germination, de transplantation et de récolte.
Ont collaboré à cet article
Géraldine D’Unienville de Vélo Vert, Meeta Bernasconi d’Agribio, Stéphane Rouillard de Laferm Coco. Du Ministère de l’Agro-Industrie : Pratimah Peerthum, Roomesh Beeharry, Yacoob Mungroo et Balakrishna Ponnusawmy.